L'immunothérapie spécifique d'allergènes

Marie-Christine Cadiergues
Dr Vétérinaire, spécialiste en dermatologie vétérinaire
INP-ENV Toulouse


Dermatite atopique et immunothérapie

1. Votre animal souffre de dermatite atopique, une maladie de peau d’origine génétique qui s’accompagne de démangeaisons, et dont les facteurs déclenchants sont des allergies à des particules de l’environnement (les allergènes), en général les pollens et des acariens de la poussière. La dermatite atopique est incurable, mais il existe de nombreux traitements qui participent à réduire l’inconfort et les démangeaisons qui y sont associés.

2. L’immunothérapie spécifique d’allergènes, aussi appelée “désensibilisation”, a été prescrite à votre animal dans le cadre d’un traitement à long terme de sa dermatite atopique. L’objectif de ce traitement est de réduire la réponse excessive de l’animal aux allergènes de l’environnement, par une série d’injections contenant ces allergènes (extraits allergéniques). C’est un des traitements au long cours les plus sûrs, et il est efficace dans 70% des cas, à des degrés variables, mais il peut s’écouler jusqu’à 9-12 mois pour en voir les effets. Dans la plupart des cas, le traitement devra être continué à vie, et dans certains cas, il devra s’accompagner d’autres mesures.

 

Extraits allergéniques

1. L’extrait allergénique pour la série d’injections est mis au point pour chaque patient, selon les allergènes impliqués dans sa maladie. Le produit est préparé spécialement pour votre animal en fonction des résultats des tests qui ont été effectués De ce fait, commander les extraits peut prendre jusqu’à 4 semaines. Veillez donc à prendre contact avec votre vétérinaire avant d’en être à court : une injection retardée de plus de 2 semaines peut nécessiter une augmentation de la fréquence des injections (voir ci-dessous).

2. Les extraits doivent être réfrigérés (2°C – 8°C) pour assurer leur efficacité optimale. Il ne faut pas les congeler car cela pourrait détruire les allergènes.

3. Le premier flacon d’extraits allergéniques durera 6 mois, les suivants 10 mois.


Administration des extraits

1. Les injections sont réalisées par voie sous-cutanée (sous la peau), en suivant le protocole (voir ci-contre). Agitez les extraits avant usage sans toutefois les secouer de manière excessive. Utilisez une aiguille et une seringue à usage unique pour chaque injection. Gardez les seringues et aiguilles usagées dans un endroit sûr, et ramenez-les à votre vétérinaire, pour qu’il les élimine dans le respect des règles de sécurité.

2. Les injections peuvent être réalisées par votre vétérinaire habituel, ou, si vous vous en sentez capable, par vous-même. Cependant, la première injection doit être réalisée par un vétérinaire, et il est préférable que votre première injection se fasse sous son contrôle. Si vous vous en sentez capable, vous pourrez ensuite continuer chez vous. Cependant, en cas de problème, n’hésitez pas à contacter votre vétérinaire.

3. Il est important que les injections soient réalisées lorsque vous êtes en mesure de surveiller votre animal pendant au moins une heure, et à une période de la journée où il pourra recevoir des soins vétérinaires rapidement. C’est une précaution, au cas où une rare réaction paradoxale surviendrait (voir ci-après). N’autorisez pas votre animal à consommer une grande quantité de nourriture 1 heure avant et après chaque injection. Par contre, vous pouvez le promener. Il n’est pas nécessaire que les injections soient effectuées à la même heure systématiquement.

4. Si une réaction paradoxale survient après une injection (voir ci-dessous), contactez votre vétérinaire avant la prochaine injection. Si votre animal vous paraît vraiment malade, contactez votre vétérinaire ou une clinique d’urgences aussitôt que possible.

 

Protocole d'immunothérapie

1. Au départ, les injections doivent être réalisées toutes les semaines, puis l’intervalle entre deux injections augmente progressivement, jusqu’à atteindre 4 semaines. La quantité d’extraits injectés augmente progressivement, jusqu’à atteindre la dose d’entretien de 1 millilitre (1 mL). Ce protocole est standardisé. Des ajustements de la dose et/ou de la fréquence des injections peuvent être décidés au cas par cas par votre vétérinaire.

2. Transposer le protocole à un calendrier est souvent utile.

3. Un retard de quelques jours à une semaine ne nécessite pas de modification du protocole. S’il s’est écoulé plus d’une semaine par rapport à la date prévue, contactez votre vétérinaire avant la prochaine injection.

4. Dans la plupart des cas, les injections d’immunothérapie doivent être maintenues tout au long de la vie de l’animal. Dans quelques rares cas, on peut progressivement augmenter l’intervalle entre deux injections, et le programme peut être stoppé après 2 ou 3 ans.


Protocole d’immunothérapie

Réactions paradoxales

1. Comme lors de tout autre traitement, des réactions paradoxales à l’immunothérapie peuvent survenir. Cependant, elles sont très rares. Il en existe quatre formes, dont les plus graves (voir n°4 et n°5) sont extrêmement rares et surviennent généralement dans les 45 min suivant l’injection. En général, elles sont précédées de signes d’alarme.

2. Un petit nodule douloureux ou source de démangeaisons peut se développer au site d’injection. S’il persiste ou vous inquiète, contactez votre vétérinaire.

3. Chez certains animaux, les démangeaisons se renforcent à la suite de l’injection (la plupart du temps pendant 24 à 48h) pendant la phase d’induction. Ce phénomène est en général temporaire, et peut être traité. Si les démangeaisons deviennent intenses, veuillez contacter votre vétérinaire.

4. Des plaques d’urticaire (plaques surélevées) peuvent se développer sur de grandes parties du corps, et un gonflement de la tête ou des pattes peut survenir. Ces signes peuvent évoluer en une réaction généralisée plus grave (voir 5). Consultez immédiatement votre vétérinaire !

5. Une réaction allergique généralisée de type choc anaphylactique peut se développer, et peut mettre en danger la vie de l’animal. Si votre animal ne semble pas lui-même, dort trop, est hyperactif, ou semble mal à l’aise après une injection, il pourrait s’agir des signes précoces d’une réaction généralisée. Contactez votre vétérinaire avant de nouvelles injections.
En cas de difficultés à respirer, de vomissements, de diarrhée ou de chute, votre animal nécessite une attention vétérinaire immédiate !

 

Réponse à l’immunothérapie , traitement additionnel contre les démangeaisons et suivi

1. Chez la plupart des animaux, on ne constate aucune réduction des démangeaisons pendant les premiers mois. Chez les animaux qui présentent une réponse favorable, les premières améliorations
sont constatées après 6 à 9 mois. Il ne faut décider de l’inefficacité du traitement et de son arrêt qu’après au moins 12 mois, si aucune amélioration n’a été constatée.

2. L’efficacité de l’immunothérapie n’étant pas immédiate, et pouvant être partielle, il peut être nécessaire d’y associer d’autres traitements, pour diminuer les démangeaisons. Evaluez les options thérapeutiques avec votre vétérinaire. Les corticoïdes peuvent interférer avec l’immunothérapie. Seul votre vétérinaire traitant est à même de juger leur nécessité et les prescrira à une dose et une fréquence compatibles avec la désensibilisation.

3. N’oubliez pas que les animaux atopiques sont sujets aux infections bactériennes et fongiques, qui augmentent et perpétuent l’inflammation et les démangeaisons. Ces complications d’infections de la peau et des oreilles doivent être traitées, et l’immunothérapie n’a aucune action contre elles. Cependant, une immunothérapie réussie prévient souvent les infections récurrentes. Par ailleurs, si les démangeaisons augmentent brutalement, cela peut signifier que votre animal souffre d’une autre maladie de peau (par exemple, due à des parasites), qui peut nécessiter un traitement spécifique. tête ou des pattes peut survenir. Ces signes peuvent évoluer en une réaction généralisée plus grave (voir 5). Consultez immédiatement votre vétérinaire !

4. Dans la plupart des cas, votre vétérinaire vous demandera de présenter votre animal pour un contrôle 2 mois, 4 mois et 6 mois après le début de l’immunothérapie, afin d’évaluer la réponse au traitement, de vérifier les signes d’infection cutanée ou de maladie intercurrente, de discuter des difficultés éventuelles, et de s’assurer de la prise en charge globale de la dermatite atopique. N’oubliez pas : garder le contrôle de la dermatite atopique requiert une coopération étroite entre vous-même et votre vétérinaire.

 

Informations complémentaires

1. Les vaccinations de routine ne doivent pas être effectuées le même jour que l’injection d’allergènes. Si votre animal développe un problème d’ordre chirurgical ou médical, contactez votre vétérinaire pour estimer si le protocole d’immunothérapie doit être modifié.

2. Un traitement antipuces strict doit être maintenu pendant toute la vie d’un animal atopique, car les piqûres de puces (même si l’animal n’y est pas allergique), ainsi qu’une peau sèche et une température ambiante élevée exacerbent souvent le degré de démangeaisons de l’animal.
 

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