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Le Varroa

Cette section, élaborée avec des vétérinaires exerçant en apiculture, vise à sensibiliser sur la menace que représente le Varroa, un acarien parasite des abeilles. Depuis sa détection en France en 1982, ce parasite s'est répandu dans le monde entier, causant des pertes économiques considérables et menaçant la survie des colonies d'abeilles.

Le Varroa se nourrit en parasitant les larves, les nymphes et les abeilles adultes, affaiblissant ainsi les individus et transmettant des virus, ce qui entraîne des répercussions majeures sur la santé de la colonie. Les apiculteurs doivent donc prendre des mesures pour lutter contre cette menace.

Le Varroa

Le parasite : Varroa destructor

A. Origine

Varroa destructor, un acarien parasite, est à l'origine associé à l'abeille asiatique Apis cerana. Cette relation est le résultat d'un long processus de coadaptation physiologique et sensorielle. Avant 2000, ce parasite était connu sous le nom de Varroa jacobsoni. Cependant, des recherches ont révélé qu'il s'agissait en réalité de deux espèces distinctes, chacune comprenant plusieurs haplotypes. Parmi ceux-ci, seuls les haplotypes coréen et japonais de Varroa destructor sont infestants pour Apis mellifera, l'abeille européenne. Le passage de l'abeille asiatique à l'abeille européenne, dont la distribution mondiale est liée à sa production de miel, s'est produit après l'introduction de cette dernière en Asie au début du 20e siècle.

B. Répartition

Aujourd'hui, Varroa destructor est présent partout dans le monde, sauf dans certaines enclaves insulaires et en Australie. Toutefois, en 2016, une crise sanitaire a éclaté en Australie avec la détection de Varroa jacobsoni à Townsville, Queensland, sur des colonies d'abeilles asiatiques. Un plan d'éradication a été mis en place pour détruire les colonies infectées. L'industrie australienne du miel et l'agriculture ont été profondément préoccupées par cette menace. En France, Varroa destructor est omniprésent, sauf sur l'île d'Ouessant. Environ 80 % des ruchers sont touchés, dont 20 % montrent des signes cliniques. L'île de La Réunion, épargnée jusqu'en 2017, a également détecté Varroa destructor cette année-là.

C. Morphologie

Varroa destructor ressemble à un minuscule crabe aplati et présente un dimorphisme sexuel marqué. L'acarien a quatre paires de pattes et un corps divisé en idiosoma et gnathosoma. L'idiosoma, la plus grande partie, est recouvert de plaques rigides avec des membranes flexibles permettant l'augmentation du volume corporel. Le gnathosoma contient la bouche avec des chélicères et des pédipalpes à fonctions sensorielles. Les pattes, munies de ventouses appelées ambulacrum, permettent l'adhésion à l'abeille.

D. Cycle biologique

Varroa destructor est un parasite obligatoire de l'abeille, vivant en se nourrissant d'hémolymphe. Son cycle de vie comporte deux phases : phorétique et reproductrice. La phase phorétique se déroule sur les abeilles adultes, en dehors du couvain, tandis que la phase reproductrice a lieu dans le couvain operculé des ouvrières et des faux-bourdons. La femelle varroa peut accomplir plusieurs cycles de reproduction mais n'est fécondée qu'une fois.

E. Synchronisation avec le cycle de l’abeille

Le cycle de Varroa destructor est synchronisé avec celui de l'abeille. Une abeille ouvrière naît en 21 jours, et un faux-bourdon en 24 jours.

Le varroa initie sa reproduction lorsque les larves d'abeilles sont les plus attractives, vers le 5ème jour de leur développement. La période d'attractivité est plus longue pour les larves de faux-bourdons. Après l'operculation de la cellule de couvain, le varroa doit éviter de se piéger entre le cocon et l'alvéole. Le stade nymphal dure 12 jours pour une ouvrière et 14,5 jours pour un faux-bourdon. La population de la ruche varie saisonnièrement, avec des pics en mai et une décroissance après juillet, influençant la dynamique du varroa.

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F. Dynamique de la population

Dans une colonie

En hiver, sans couvain, Varroa destructor ne se reproduit pas et la population décroit. Durant la belle saison, 70-90 % des varroas sont dans le couvain operculé. Modèles mathématiques estiment que la population de varroa double tous les 20 à 30 jours, atteignant des seuils critiques en fin de saison, surtout avec la réinfestation des colonies environnantes. Sous climat tempéré, une colonie non traitée peut mourir en 6 à 24 mois, aggravée par des infections virales.

Transmission entre colonies

Pendant la phase de phorésie, le varroa peut changer d'hôte au sein de la ruche ou entre colonies, souvent par dérive des butineuses ou pillage. La transmission entre colonies est majeure, rendant la lutte collective essentielle. Les colonies saines sont rapidement recontaminées par des ruches voisines non traitées, jusqu'à 4000 varroas pouvant ré-infester une colonie en une saison.

Implications pour la lutte

La synchronisation des cycles de reproduction et la transmission inter-coloniale de Varroa destructor nécessitent une approche collective et coordonnée dans la gestion et le traitement des ruches pour limiter l'impact du parasite sur l'apiculture mondiale.

Les Abeilles d’Hiver : Le carrefour de la saison et le risque lié à varroa

A. Production des abeilles d’hiver

Les abeilles d’hiver naissent en fin d’été et jouent un rôle crucial pour la survie de la colonie durant l’hiver. Contrairement aux abeilles d’été qui vivent environ 50 jours, les abeilles d’hiver vivent entre 150 et 200 jours. Leur production est influencée par la diminution des jours, la baisse de température et la raréfaction de la ponte de la reine. La transition vers la production d’abeilles d’hiver est progressive, permettant aux butineuses de constituer des réserves pour l’hiver.

B. Particularités et importance de l’abeille d’hiver

Les abeilles d’hiver ont des corps gras plus développés et une concentration élevée en vitellogénine, une protéine essentielle à leur longévité. Cette différence physiologique les aide à survivre l’hiver en économisant leurs réserves. Elles ne butinent pas et ont une activité de nourrice très limitée, ce qui leur permet de préserver leur vitellogénine.

C. Le carrefour de la saison et le risque lié à varroa

À l’automne, les abeilles d’hiver commencent à se former. Leur rôle est de maintenir la colonie en vie pendant l’hiver et de préparer le couvain de printemps. Cependant, les parasites comme le varroa peuvent affaiblir les nourrices en spoliant leur hémolymphe, compromettant ainsi la santé des abeilles d’hiver. Une infestation de varroa réduit la longévité et la vitalité des abeilles, augmentant les risques de mortalité hivernale.

D. Conséquences sur l’hivernage

La population d’abeilles d’hiver est majoritairement constituée avant mi-septembre. Leur capacité à survivre jusqu’au printemps dépend de leur longévité. Si leur durée de vie est trop courte, la colonie peut mourir avant que de nouvelles abeilles ne soient prêtes. Une préparation adéquate des abeilles d’hiver et de leurs nourrices est essentielle pour assurer une bonne sortie de l’hiver et un redémarrage efficace de la colonie.

E. Éléments à maîtriser pour le démarrage de la saison apicole au printemps suivant

Pour assurer la longévité des abeilles d’hiver, plusieurs facteurs doivent être contrôlés :

  • Limiter la présence d’un couvain important en automne.
  • Gérer le nourrissement de manière raisonnée.
  • Assurer une bonne isolation et ventilation de la ruche pour éviter une surconsommation des réserves.
  • Gérer efficacement la varroase pour éviter l’affaiblissement de la colonie.

Une gestion rigoureuse du parasitisme à varroa est cruciale pour préserver la vitellogénine des abeilles d’hiver, garantir leur longévité et assurer une bonne reprise de l’élevage du couvain au printemps. Une colonie en bonne santé et en nombre suffisant pourra redémarrer efficacement et assurer une bonne saison apicole.

Évaluer l’infestation

L'évaluation de l'infestation par le varroa est essentielle tant au niveau individuel que collectif dans l'apiculture moderne. Cette évaluation fournit une estimation de l'infestation sans nécessairement exiger une précision absolue, étant donné que le varroa peut parfois être difficile à repérer, en particulier lorsqu'il se cache dans le couvain.

A. Les différentes méthodes

plusieurs méthodes de comptage sont disponibles pour estimer la pression de ce parasite. Elles varient en complexité et en précision, mais sont toutes essentielles pour fournir des indications utiles à l'apiculteur et décider de l'urgence d'un traitement.

  • L'inspection visuelle : cette méthode consiste en une observation directe des abeilles et du couvain pour détecter la présence de Varroa.
  • Les comptages sur couvain operculé : en examinant les cellules de couvain operculé, où les varroas se reproduisent, on peut estimer leur nombre. Cette méthode offre une estimation plus précise de l'infestation que l'inspection visuelle.
  • Les comptages des varroas phorétiques : les varroas phorétiques sont ceux qui se trouvent sur les abeilles. Compter ces varroas permet d'évaluer l'infestation active de la colonie.
  • Les comptages sur langes graissés : en plaçant des langes graissés dans la ruche, les varroas qui tombent sont piégés, ce qui permet de les compter et d'estimer l'infestation.

B. Quelle méthode utiliser au cours de la saison et quelle interprétation

Pour évaluer l'infestation tout au long de la saison apicole, différentes méthodes de comptage peuvent être utilisées, chacune ayant ses avantages et ses limites :

  • Les comptages sur langes graissés : cette méthode est recommandée en fin de saison ou en hiver pour estimer la population totale de varroa dans la ruche. Elle offre une estimation précise de l'infestation et peut être utilisée en complément d'autres méthodes.
  • Les comptages des varroas phorétiques : ils peuvent être réalisés tout au long de la saison, en dehors des périodes de maladie du couvain. Cette méthode est simple et pratique pour une surveillance régulière, permettant de détecter des infestations modérées à fortes.
  • les comptages sur couvain mâle : pertinents pour évaluer l'infestation, ces comptages peuvent être effectués en saison lorsque des mâles sont présents. Si plus de 15% des cellules de couvain mâle sont infestées, un traitement doit être envisagé.

C. Quel nombre de ruches à surveiller ?

Déterminer le nombre de ruches à surveiller est crucial pour garantir une gestion efficace de l'infestation par le varroa. Il est recommandé de surveiller environ 20% des colonies du rucher ou d'examiner au moins 8 colonies par rucher, quelle que soit sa taille. Pour les petits ruchers de moins de 5 colonies, il est important de réaliser des comptages sur l'ensemble des colonies pour une surveillance adéquate de l'infestation.

En résumé, évaluer l'infestation par le varroa est essentiel pour assurer la santé et la productivité des colonies d'abeilles. En utilisant différentes méthodes de comptage et en surveillant régulièrement les colonies, les apiculteurs peuvent prendre des décisions éclairées concernant la gestion de ce parasite et contribuer ainsi à la durabilité de l'apiculture.

Les moyens de lutte innés ou acquis de l’abeille

1. Comportement d’épouillage

Le comportement d'épouillage vis-à-vis de varroa implique que les abeilles utilisent leurs pattes et mandibules pour enlever et tuer le parasite. Il existe deux types d'épouillage :

  • Auto-épouillage : les abeilles détectent et retirent les varroas de leur propre corps.
  • Allo-épouillage : les abeilles détectent et retirent les varroas du corps de leurs congénères.

Ce comportement est moins fréquent chez Apis mellifera comparé à Apis cerana et aux abeilles africaines, qui sont plus résistantes au varroa. Les études montrent que les abeilles avec un comportement d'épouillage prononcé :

  • retirent plus de varroas.
  • détectent les varroas plus rapidement.
  • ont des moments d'épouillage plus intenses et efficaces.
  • ont une plus grande proportion de varroas mutilés tombés.
  • sont les colonies les moins infestées.

2. L’essaimage

L'essaimage est un processus naturel où un groupe d'abeilles, accompagné de la reine, quitte une colonie surpeuplée pour fonder une nouvelle colonie. Cela se produit principalement de mi-avril à mi-juillet. Environ la moitié des abeilles quitte la ruche avec les varroas phorétiques présents sur elles.

Pendant cette période, jusqu'à 80% des varroas se trouvent dans le couvain. Une faible proportion des varroas phorétiques quitte la ruche avec le nouvel essaim. L'essaimage ne stoppe pas le développement des varroas, mais constitue une forme de résistance sociale contre eux pour deux raisons :

  • la perte de varroas phorétiques avec l'essaim.
  • la rupture du cycle de développement des varroas due à l'absence de couvain nécessaire à leur reproduction.

Bien que l'essaimage soit défavorable pour l'apiculteur, il peut être avantageux d'intégrer des périodes de rupture de ponte dans la gestion des ruches pour interrompre le cycle de développement des varroas.

3. Le comportement hygiénique, VSH ou SMR de sa colonie

Comportement hygiénique

Le comportement hygiénique des abeilles implique la détection et le nettoyage du couvain anormal ou malade. Les abeilles spécialisées effectuent différentes tâches, telles que la reconnaissance des cellules malades, l'ouverture des cellules operculées, le retrait du couvain malade et le nettoyage de la cellule. Ce comportement est plus efficace pendant la phase de couvain ouvert. Des études ont montré des différences dans la rapidité de ce comportement entre les abeilles.

Abeille VSH (Varroa Sensitive Hygiene)

Les abeilles VSH ont la capacité d'éliminer de manière sélective le couvain infesté par le varroa, en sacrifiant des nymphes vivantes mais parasitées pour éviter l'émergence d'abeilles moins fonctionnelles. Ce comportement est réalisé par des abeilles spécialisées dans la détection des cellules les plus parasitées par le varroa.

Abeille SMR (Suppression of Mite Reproduction)

Les abeilles SMR sont sélectionnées pour leur capacité à supprimer la reproduction du varroa, retardant ainsi la croissance des populations de varroa. Elles sont capables de détecter les nymphes infestées par des fondatrices varroa et de réduire leur cycle de reproduction.

Variation dans l'expression des comportements

Il existe des différences entre le comportement hygiénique, les abeilles VSH et les abeilles SMR en termes de détection du couvain anormal. Les colonies SMR sont nécessairement des colonies VSH, mais toutes les colonies au comportement hygiénique ne sont pas forcément des colonies VSH ou SMR.

Mécanismes d'action étudiés

Les mécanismes moléculaires sous-jacents au comportement hygiénique, à l'abeille VSH et à l'abeille SMR ne sont pas entièrement compris, bien qu'il existe des liens entre eux. Des études ont montré des différences dans l'activation de certains gènes chez les abeilles présentant un comportement hygiénique.

Évaluation des comportements

L'évaluation du comportement hygiénique implique de tester la capacité des colonies à nettoyer un couvain tué. Pour évaluer le comportement VSH, il est nécessaire de mesurer le niveau d'infestation du couvain récemment operculé par le varroa. L'évaluation du comportement SMR est complexe et nécessite d'identifier si une femelle varroa est reproductrice ou non dans le couvain.

En résumé, comprendre et évaluer ces comportements est essentiel pour développer des stratégies de gestion efficaces contre le varroa et autres menaces pour les colonies d'abeilles.

Les moyens de lutte disponibles pour l’apiculteur

1. Les médicaments vétérinaires

L'utilisation de médicaments dans la lutte contre la varroase est cruciale pour préserver les abeilles d'hiver et assurer la survie des colonies. Les traitements traditionnels en fin d'été ne sont souvent pas suffisants, seuls. La pression parasitaire augmente tout au long de la saison, menaçant la préparation des abeilles d'hiver et la survie de la colonie. Une approche intégrée est nécessaire, combinant surveillance et traitements adaptés. Les médicaments aident à réduire l'infestation et à maintenir la population d'abeilles d'hiver, essentielle pour le cycle de vie de la colonie.

Le médicament : comment interpréter une notice d’utilisation ?

La lecture et la compréhension de la notice d'un médicament sont essentielles pour son utilisation sûre et efficace. Avant d'être mis sur le marché, un médicament doit obtenir une autorisation basée sur des critères de qualité, d'efficacité et de sécurité. Pour lutter contre la varroase chez les abeilles, une indication spécifique est cruciale. La notice fournit des précautions d'emploi, des effets indésirables et des interactions médicamenteuses. La posologie et la voie d'administration sont essentielles. Les médicaments à base de substances naturelles nécessitent également une autorisation et peuvent avoir des taux de résidus différents. Suivre strictement les instructions est vital pour éviter les effets secondaires et assurer l'efficacité du traitement, tandis que les mélanges non autorisés peuvent être dangereux.

Les bonnes pratiques d'utilisation des médicaments vétérinaires

Avant tout, cinq questions clés doivent être posées :

  • Le médicament respecte-t-il la réglementation en vigueur ?
  • Est-il sûr pour l'opérateur qui l'applique ?
  • Est-il sans danger pour les abeilles ?
  • Est-il efficace contre la varroose ?
  • Risque-t-il de laisser des résidus dans les produits de la ruche ?

Pour respecter la réglementation, seuls les médicaments vétérinaires approuvés spécifiquement pour les abeilles doivent être utilisés, selon les recommandations d'étiquetage, de notice ou d'ordonnance vétérinaire. Il est essentiel de conserver les ordonnances dans un registre d'élevage pour garantir la traçabilité.

La sécurité de l'opérateur est primordiale, car certains acaricides et acides organiques utilisés peuvent être dangereux par contact ou inhalation. Les précautions d'emploi doivent être strictement suivies, y compris la lecture attentive des notices.

Quant à la sécurité des abeilles, il est crucial de maintenir un équilibre entre l'efficacité du traitement contre le varroa et les effets indésirables sur les colonies. Les médicaments doivent être utilisés conformément aux recommandations pour minimiser les risques pour les abeilles.

Enfin, il est essentiel de considérer les résidus laissés dans les produits de la ruche, en particulier le miel et la cire. Les médicaments doivent être appliqués conformément aux temps d'attente spécifiés pour éviter toute contamination des produits de la ruche. Le renouvellement régulier des cadres de cire est recommandé pour limiter l'accumulation de résidus.

L’efficacité, la résistance, l’échec au traitement

L'efficacité et la résistance des traitements contre les parasites sont des aspects cruciaux dans la gestion de la santé des abeilles, en particulier en ce qui concerne le varroa. L'efficacité d'un traitement est déterminée par sa capacité à tuer les parasites en quantités suffisantes pour protéger l'hôte, tandis que la résistance se réfère à la capacité du parasite à survivre à un traitement censé le détruire.

  • Efficacité : on applique un traitement et on compare le nombre de parasites morts au nombre restant. Cela donne un pourcentage d'efficacité, grâce à la formule Nombre de parasites morts / Nombre de parasites morts + nombres de parasites restants. Les tests d'efficacité peuvent être effectués en laboratoire dans des conditions standardisées, mais aussi sur le terrain dans des conditions réelles, notamment par la Fédération Nationale des Organisations Sanitaires Apicoles en France.
  • Resistance : elle est évaluée en laboratoire en exposant les parasites à différents dosages du traitement et en observant s'ils meurent dans un délai spécifié. Si les parasites survivent, cela indique une résistance au traitement.

La résistance

La résistance des varroas aux acaricides est un problème mondial, confirmé par de nombreuses études. Les mécanismes de résistance incluent des comportements évitant le contact avec les toxiques, des adaptations physiologiques comme l'épaississement de la carapace, et des résistances biochimiques, notamment l'augmentation de l'activité des enzymes de détoxication. La résistance pose un défi majeur car les individus résistants se reproduisent, transmettant cette résistance aux générations suivantes. La réversion de la résistance, observée en l'absence d'exposition aux insecticides, offre un espoir dans la gestion de ce problème. Pour lutter contre les résistances, il est crucial de respecter les conseils d'utilisation des produits, de surveiller l'efficacité des traitements, de signaler les cas de non-efficacité, et de combiner les méthodes de lutte. L'utilisation de traitements faits maison et l'absence de protocoles précis contribuent à l'émergence de résistances.

L’échec au traitement

Un échec de traitement est défini par la persistance de quantités de parasites trop importantes dans la colonie, mettant en danger les abeilles et la survie de la colonie. Cela peut également être caractérisé par une infestation résiduelle, où un nombre significatif de parasites survivent après le traitement. Il est crucial pour les apiculteurs de surveiller attentivement l'efficacité des traitements et de prendre des mesures pour prévenir ou gérer la résistance des parasites, afin de maintenir la santé et la productivité de leurs colonies.

Les causes d'échec dans les traitements contre la varroase peuvent être multiples. Les tests sur le terrain, effectués par la FNOSAD en France, sont cruciaux pour évaluer l'efficacité des traitements. Un protocole strict est suivi, notamment pour tenir compte de l'effet retardé de certains médicaments, comme l'acide oxalique, dont les effets peuvent se prolonger jusqu'à trois semaines après l'application. Les résultats des tests fournissent des données telles que l'infestation moyenne en varroas dans les colonies testées, le pourcentage d'efficacité du traitement, et la cinétique de chute des varroas pendant le traitement. Les causes possibles d'échec incluent une infestation initiale élevée, l'inefficacité du traitement, ou une nécessité de traitement complémentaire.

Le rôle de l’apiculteur

Le rôle de l'apiculteur dans l'utilisation des médicaments vétérinaires contre la varroase est crucial. Il doit respecter les prescriptions et les bonnes pratiques pour assurer l'efficacité du traitement. Des facteurs tels que la posologie, la durée d'application, et les conditions environnementales influent sur l'efficacité du traitement. Les erreurs d'application, comme une mauvaise position des lanières, une durée d'application inadéquate, ou un retrait prématuré, peuvent compromettre l'efficacité et favoriser l'émergence de la résistance. Respecter les doses prescrites, adapter le traitement selon la taille de la colonie, et favoriser l'agitation de la colonie lors de l'application sont essentiels pour un traitement réussi.

La lutte contre le Varroa nécessite une approche intégrée, incluant surveillance et utilisation judicieuse des médicaments. Il est crucial de maintenir l'infestation sous un seuil dommageable toute l'année, en protégeant notamment les abeilles d'hiver. Les traitements doivent être optimisés pour ralentir la prolifération du parasite et respecter les bonnes pratiques d'utilisation pour éviter la résistance. La lutte collective et la surveillance continue des infestations sont essentielles. Ainsi, les médicaments restent un outil important, mais font partie d'un protocole plus large, intégrant différents moyens de lutte.

2. Les huiles essentielles

Les huiles essentielles sont considérées comme une méthode alternative aux acaricides chimiques dans la lutte contre le varroa chez les apiculteurs. Bien qu'elles soient souvent perçues comme des produits "sans risque" pour la santé humaine et simples à utiliser, elles peuvent impacter la santé des colonies d'abeilles. Leurs effets incluent des propriétés attractives ou répulsives pour les insectes et des actions antifongiques ou antibactériennes. L’administration à un animal dans le cadre de thérapeutiques alternatives nécessite le recours soit à des médicaments vétérinaires disposant d’une autorisation administrative délivrée par l’ANMV soit à des préparations magistrales sur prescription vétérinaire par l’usage de substances végétales ayant la qualité de matières premières d’usage pharmaceutique au sens de la pharmacopée française.

La qualité des huiles essentielles dépend de la plante d'origine et de son processus de production, influençant ainsi leur efficacité. Par exemple, le thymol est une huile essentielle reconnue pour son effet acaricide et tolérée par les abeilles, bien que des précautions doivent être prises concernant la température et les conditions de traitement pour éviter des échecs.

Cependant, des résidus de thymol peuvent contaminer le miel et la cire, affectant potentiellement le goût du miel et la santé des larves d'abeilles. L'utilisation d'huiles essentielles en apiculture nécessite une règlementation stricte pour garantir la qualité et l'efficacité, avec une surveillance de la composition et de l'application pour éviter des risques de toxicité pour les abeilles et des inefficacités du traitement.

3. Les moyens de lutte alternative

La lutte alternative contre Varroa vise à limiter l'utilisation de produits chimiques tout en maintenant l'infestation sous un seuil nuisible. Elle comprend diverses méthodes telles que l'essaimage naturel, le piégeage dans le couvain mâle et femelle, l'encagement de la reine et le saupoudrage au sucre glace.

Ces approches s'inscrivent dans une perspective de développement durable et de préservation de la santé des abeilles et des consommateurs. Elles sont motivées par la nécessité de réduire les intrants chimiques dans les colonies, d'éviter la contamination des produits apicoles et de prévenir le développement de résistances aux traitements. Cependant, leur efficacité peut varier et leur utilisation nécessite une bonne connaissance des cycles biologiques des abeilles et du parasite. Malgré leurs limites, ces méthodes peuvent compléter ou améliorer l'utilisation des médicaments dans la lutte contre Varroa, contribuant ainsi à une gestion globale et durable des ruchers.

L’essaimage naturel/La création d’un essaim artificiel

Un essaim naturel correspond à environ 75 % d'efficacité dans la gestion du Varroa, principalement grâce à la rupture de ponte lors de l'essaimage. Cependant, même un essaim naturel n'est pas totalement exempt de Varroa. Les femelles Varroa peuvent être emportées avec l'essaim, mais une infestation subsiste. Les essaims artificiels, créés par les apiculteurs à partir de colonies fortes, visent à multiplier le cheptel tout en limitant l'essaimage naturel. En moyenne, un nucléus réduit la population de Varroa dans la colonie mère d'environ un tiers.

La période sans couvain operculé après la formation d'un essaim offre une opportunité de traitement contre Varroa, notamment avec de l'acide oxalique. Les délais de remérage varient selon le type d'essaim et peuvent être influencés par des facteurs climatiques. Les essaims artificiels peuvent être utilisés pour prolonger cette période de rupture de ponte en détruisant l'élevage royal naturel et en introduisant une cellule royale prête à naître.

La recherche de la rupture de ponte est cruciale pour améliorer la lutte contre le Varroa, et de nombreuses méthodes de piégeage ou d'encagement de reines s'en inspirent. Il est également essentiel de surveiller l'essaimage des colonies, car cela peut influencer la pression du Varroa.

Le piégeage dans le couvain mâle.

Depuis les années 60, une méthode biotechnique utilise la préférence de Varroa pour le couvain mâle. En retirant ce couvain des colonies, on peut éliminer une proportion importante de Varroa sans nuire aux abeilles. Il suffit d'introduire des cadres de cellules mâles, puis de les retirer une fois operculés. Cette pratique réduit la charge parasitaire et favorise la productivité des colonies. Des études ont montré une diminution significative de l'infestation par Varroa sans impact négatif sur le développement des colonies. La méthode exige un suivi rigoureux et une organisation calendaire pour être efficace.

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Le piégeage dans le couvain femelle

Le piégeage dans le couvain femelle vise à contrôler Varroa en limitant la ponte de la reine sur certains cadres. On isole la reine sur un cadre pendant 9 jours, puis on la déplace. Les cadres pondus sont retirés à l'operculation des œufs. Cette méthode peut être optimisée en piégeant la reine sur un cadre de couvain mâle. Les cadres retirés peuvent être traités, utilisés pour créer des essaims ou détruits. Une variante extrême implique le retrait complet du couvain, séparant la colonie en deux parties. Ces méthodes demandent du temps et une gestion minutieuse, mais offrent des possibilités de contrôle intégré de Varroa.

L’encagement de la reine

L'encagement de reine est une méthode de lutte populationnelle contre Varroa. Elle consiste à enfermer la reine pour stopper sa ponte, rendant ainsi Varroa plus vulnérable au traitement. Cette période sans couvain favorise l'utilisation de l'acide oxalique, dont l'efficacité est plus élevée hors couvain. En saison, la reine est enfermée pendant 24 jours, puis réintroduite, suivie d'un traitement à l'acide oxalique. En hiver, la reine est enfermée jusqu'au printemps pour une période sans couvain, idéale pour un traitement. Cette méthode demande de la technicité et peut rencontrer des échecs de réintroduction de la reine.

Le saupoudrage au sucre glace

Le saupoudrage au sucre glace est une méthode mécanique de lutte contre Varroa. En secouant des particules fines de sucre sur les abeilles, on entrave les « ventouses » de Varroa, les faisant tomber et mourir. Bien que la méthode soit non chimique, elle demande du temps et doit être répétée fréquemment car elle cible uniquement les Varroas phorétiques. Elle peut attirer les fourmis et favoriser le pillage. Son efficacité reste discutée, mais elle est utile pour diagnostiquer l'infestation.

Les autres moyens de lutte

D'autres moyens de lutte contre Varroa n'ont pas été abordés, tels que la lutte thermique et le Bee Gym. La lutte thermique implique le réchauffement des cadres de couvain pour éliminer les Varroas, mais son coût et ses manipulations importantes posent des défis. Le Bee Gym, un dispositif mécanique, n'a pas montré d'efficacité significative dans les études récentes. La complexité et la diversité des méthodes soulignent l'importance de la compréhension de la biologie du parasite pour des stratégies efficaces.

4. L’apiculture biologique

Dans l'apiculture biologique, la prévention des maladies repose sur des principes fondamentaux similaires à ceux de l'agriculture biologique, mais adaptés aux spécificités de la filière apicole. La sélection des races d'abeilles, les pratiques de gestion des colonies, la qualité de l'environnement et la densité adéquate des colonies sont des éléments clés pour maintenir la santé des ruches. Conformément à la réglementation, l'utilisation préventive de médicaments allopathiques chimiques de synthèse est interdite.

En cas de nécessité, des mesures doivent être prises pour limiter l'infestation par le Varroa destructor, notamment en autorisant la destruction du couvain mâle. Cependant, toute mutilation d'animaux est interdite. Si les mesures préventives ne sont pas suffisantes et que les colonies sont malades ou infestées, des traitements autorisés peuvent être utilisés, mais les ruches concernées doivent être identifiées et isolées. De plus, toutes les cires doivent être remplacées par de la cire issue de l'agriculture biologique, ce qui implique une période de conversion de 12 mois.

Les médicaments autorisés en apiculture biologique incluent les acides organiques, le thymol, le menthol, l'eucalyptol et le camphre, tandis que les molécules chimiques de synthèse sont interdites. Les mesures préventives visent à freiner l'évolution de la population du parasite et à réduire la charge parasitaire dans les colonies en fin de saison.

Des alternatives aux traitements médicamenteux sont également envisagées, telles que le retrait du couvain mâle, l'encagement de la reine pour provoquer une rupture de ponte artificielle et la production d'essaims avec rupture de ponte. Bien que certains traitements chimiques de synthèse puissent être plus efficaces, les apiculteurs biologiques préfèrent limiter l'utilisation de produits chimiques et privilégier des méthodes alternatives.

En conclusion, l'apiculture biologique nécessite souvent le recours à des méthodes de lutte alternative quasi systématiques pour contrôler le Varroa, avec pour objectif commun une lutte intégrée respectueuse de la santé des abeilles.

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